T'as d'belles opsines, tu sais.

Allez, ça suffit, il y en a marre de la physique ! Non mais c'est vrai, il faut varier un peu, la physique c'est rigolo mais on peut parler d'autres choses aussi. Arrêtez de pointer ces lasers impulsionnels dans mes yeux, s'il vous plaît. Justement, tiens, parlons-en de mes yeux.

Les yeux sont à l'Homme ce que la roue avant est au vélo. On peut faire sans, mais ce n'est pas hyper pratique. Et je ne dis pas ça parce que ce blog n'est pas conforme aux normes d'accessibilité.

Qu'est-ce qu'y dit ?

Evolution before your eyes

Alors j'étais super fier d'avoir trouvé ce jeu de mots mais impossible de le traduire, du coup je l'ai laissé en anglais. Désolé.

L’œil est formidable. On n'y pense pas forcément tous les jours, mais il faut réaliser qu'on utilise constamment un organe capable de convertir des ondes électromagnétiques en informations sensorielles avec une précision folle. Avouez que c'est autrement plus classe que le « tout mécanique » des tympans. Bien sûr, nos yeux ont pas mal évolué pour en arriver là. D'ailleurs, les animaux ne sont pas les seuls êtres vivants avec des yeux, puisque certaines algues et même certaines bactéries en ont !

Oui, bon, je ne sais pas si on peut appeler ça des yeux... À la surface d'une cellule, dans sa membrane, on peut parfois trouver une protéine appelée opsine. Cette protéine a la capacité de réagir lorsqu'elle capte des photons, en activant d'autres protéines dont le rôle est de transmettre des informations dans la cellule. On a donc un élément qui capte la lumière, et un élément qui communique l'information dans la cellule.

L'opsine est apparue avec les formes primitives de la vie sur Terre, avant le Cambrien. Si vous voulez une fourchette, elle est apparue entre 550 millions et 3,5 milliards d'années avant notre ère. C'est une fourchette galactique. Au Cambrien, l'opsine était à la mode. Les insectes, les mollusques, les vertébrés et bien d'autres ont développé chacun de leur côté un organe dont les cellules spécialisées possédaient des opsines.

Structure anatomique de l'œil chez l'Homme

Eh, sérieux, on dirait un vrai titre d'un vrai article. Sérieux, ça en jette ou pas ? Hein ? Sérieux ?

Bon, je ne vais pas trop m'étaler ici, je pense qu'on connait tous plus ou moins comment un œil est fait : la lumière est diffractée une première fois par la cornée, elle passe dans l'iris puis est à nouveau diffractée par le cristallin, pour enfin toucher la rétine qui tapisse le fond de l'œil.

Je commence à toucher ma bille sur Paint, moi.

Penchons-nous sur la rétine. Pas trop près, vous allez fatiguer votre cristallin. Lol.

On y trouve deux grands groupes de cellules photoréceptrices dont vous avez déjà entendu parler : les cônes et les bâtonnets. La rétine d'un œil contient environ 5 millions de cônes, permettant de distinguer les couleurs, et 120 millions de bâtonnets, incapables de discerner les variations de couleurs mais plus sensibles à la luminosité. Le faible nombre de cônes nous empêche de percevoir les couleurs quand la luminosité est trop faible, mais les bâtonnets nous permettent de voir les formes et les mouvements au clair de lune.

Comment ces cellules peuvent capter la lumière ? On y retrouve nos chères protéines, les opsines ! En effet, les membranes des cônes et des bâtonnets contiennent toutes des rhodopsines, une sorte d'opsine qui absorbe toutes les couleurs du spectre visible, et qui nous permet de voir les formes. De plus, les cônes contiennent d'autres variantes de cette protéine : les iodopsines. Il en existe trois sortes chez l'Homme, chacune sensible à une partie différente du spectre visible. Ce sont ces trois types de protéines qui nous permettent de voir les couleurs.

Existe-t-il une adaptation des Power Rangers en Daltonie ?

Mariotte et l'angle mort

Vous commencez à me connaître, ce que j'aime, ce sont les défauts de fabrication. Ça tombe bien, car l'œil a un angle mort ! Imaginons un rai de lumière qui arrive dans votre œil. On en a déjà parlé, il traverse la cornée, l'iris, le cristallin, et finit par s'écraser lamentablement sur un nerf. Mince, un nerf ? Elle est où la rétine ?

C'est ce nerf qu'on appelle la tache aveugle, ou tache de Mariotte. C'est l'héritage d'une grosse bourde commise par les joyeux aléas de l'évolution. Il y a au fond de nos yeux une zone cachée par un stupide nerf qui ferait aussi bien son job s'il passait derrière, mais non, il aime nous gâcher la vue. Ayez l'obligeance d'être sur une tablette ou un ordinateur, car on va faire une expérience pour le prouver mais les écrans de téléphones sont trop petits.

Enlevez les binocles et observez l’œuvre d'art contemporain ci-dessous. Masquez votre œil droit, fixez le losange et approchez-vous lentement.

Plus fort que David Copperfield ! À une certaine distance de votre écran, l'étoile disparait, elle est dans votre angle mort. Mais l'étoile est noire sur un fond blanc, or si la lumière ne passe pas on devrait juste voir une grosse tache noire, non ? Pourquoi votre œil remplace l'étoile par du blanc ?

Désolé, mais votre œil voit une grosse tache noire. Pas d'inquiétude, puisque le deuxième acteur entre en scène : le cerveau. Votre cerveau, il connait cette tache, il a appris à vivre avec. Il sait que, si tout autour de la tache c'est blanc, alors il y a de fortes chances pour que ça soit blanc aussi dedans. Ouaip, votre cerveau fait des statistiques.

Ça ne marche pas toujours, on risquerait par exemple de ne pas voir arriver une guêpe. C'est hyper dangereux une guêpe. Du coup, votre cerveau a développé une deuxième technique : sans même que vous ne vous en rendiez compte, vos yeux font sans arrêt des micro-mouvements pour déplacer cette tache de gauche à droite. De cette façon, il reconstitue la scène devant vos yeux exactement de la même façon qu'il vous fait voir un chat entier ci-dessous.